mercredi 30 novembre 2011

Ce qui est difficile, c'est encore d'être une femme, et d'endurer toutes vos conneries. - Depsentes







Il y a une rayure sur le miroir. A moins que ce ne soit mon visage grimaçant, déformé par l'usure et la fatigue qui donne cette impression. L'eau coule sous les ponts, la brume efface les contours d'une mémoire déjà chancelante et le paysage n'en devient que plus beau. Un peu de féerie qui manque cruellement à la réalité, un frisson rendant l'ensemble moins terne. Les cernes sous mes yeux ressemblent à des coquards, à des valises qui ont le poids des grands voyages. Prendre le train et échapper au quotidien, celui-là même qui bouffe, ronge, tue à long terme. Regarder les paysages défiler, se succéder, sans qu'on y prête une véritable attention. Ces moments ont la même mélancolie, la même nostalgie que ceux passés sur un banc à regarder les passants. Comme si l'espace d'un instant nous ne faisions plus partie de la bulle du monde. Cachés, à l'extérieur de l'univers sans être totalement ailleurs. Simplement personne ne nous voit. Et j'aime bien cette sensation. Rien ne semble pouvoir nous atteindre. Un sentiment d'invulnérabilité, bien qu’éphémère. Prendre le train, sans savoir où l'on va, sans s'inquiéter de l'endroit où on doit être. Savoir son corps en mouvement sans le ressentir dans sa chair. Les longs voyages nous enveloppent d'une lourdeur reposante, une sorte de léthargie bienveillante. Mes yeux sont souvent dans le vide, regardant les couleurs tour à tour douces et éclatantes de ces paysages étonnants, sans plus me préoccuper du vacarme intérieur. Une sorte de trêve, sans que vraiment ça ne s'arrête. Je ne le perçoit plus, voilà tout. Un pacte m'autorisant à lâcher prise. Un accord tacite mais tenace durant lequel je suis invincible. Alors tout fonctionne au ralenti, chaque scène devient un spectacle devant lequel je ne suis qu'une simple et minuscule spectatrice. Alors je me sens en paix, je me détends. Plus rien n'a d'importance que le temps qui défile en image.



4 Phalange(s):

Anonyme a dit…

Bah vaut mieux avoir les pieds dans l'eau que la tête !
"À mon avis, l'absence du sens de la vie est ce qui rend la vie si merveilleuse", oui sans doute, du moins pendant un temps je crois, peut-être le temps de la jeunesse. A mon avis c'est un temps qu'il faut absolument prendre et ne pas laisser passer. Mais cela ne se trouve, il me semble, que dans l'aventure.
Tu fais remonter en moi un souvenir de mon Far West, celui de ma Gare de l'Est, de mon train Paris-Praha que j'ai souvent pris de nuit… et qui me transportait d'un monde à l'autre…
Mais… à voyager, j'en oublie le titre de l'article ! T'inquiète, je vais le retrouver à mon retour !

Antigone a dit…

Ah, t'as commencé tkkt ? :)
Tu me manques.

Anonyme a dit…

Dans vingt jours on part. On décolle. On laisse filer le paysage. Et on crache sur la routine, pour lui foutre les boules.

Anonyme a dit…

Tu t'es trompée dans le nom de l'auteur, inversant les troisième et quatrième lettres

Enregistrer un commentaire

Des mots en vracs.

"L'aliénation consiste en ce que l'individu laisse quelque chose de lui-même sortir de lui-même et devenir ainsi une influence ou un pouvoir extérieur" R. A.Nisbet


"Il en résulte que les raisons de vivre nous manquent; car la seule vie à laquelle nous puissions tenir ne répond plus à rien dans la réalité, et la seule qui soit encore fondée dans le réel ne répond plus à nos besoins" Durkheim