dimanche 8 avril 2012

Les râles de l’asphyxie.






Assise comme une lampe sur un canapé défoncé, la tête qui s’fait un tour du monde en solitaire à la vitesse de l’éclair, mon estomac voulant violemment se faire la malle, je crois qu’on peut dire que j’attends que ça passe. Autant les vertiges et la nausée que cette soirée qui avait déjà commencée bizarre mais qui était plus du genre complètement psychopathe maintenant. Ces dix dernières minutes (ou peut-être 1h, ma notion du temps avec rencard avec ma sobriété) j’ai vu :
·         Dix-sept queues, dont 6 circoncis, 2 très poilues et 1 micro-pénis
·         Trois culottes, douze strings, un tanga et… l’absence de dieu.
·         Deux mecs qui se baladent fièrement sans avoir conscience qu’ils ont de la mousse de bière collée à leur moustache
·         Une fille qui léchait l’oreille du supposé chat du supposé propriétaire de la baraque où cette soirée pour le moins étrange se passe.
·         Quatre couples se bouffant la langue jusqu’à l’œsophage.
·         Un gamin volant avec de la poussière d’or, il m’a offert un rail, j’ai pas dit non, les hallu’ sympas avec toi, y’en court pas les rues, moi j’vous le dis.
Bref, autant dire que j’étais loin, et sans doute pas toute seule à l’intérieur de ma propre boîte crânienne. N’empêche que toutes ces musiques décérébrantes me donnaient quand même envie de me percer les oreilles (j’me la joue Œdipe moderne). Je l’aurai fait si j’en avais eu la force. Mais en deux temps trois mouvements j’ai oublié ce que je me racontais. Une dose d’énergie plus tard, je me déhanchais tant bien que mal sur la piste de danse (qui était en fait une table basse, mais disons que dans l’ambiance ça passait bien) en fermant les yeux. J’étais en phase avec la musique, en phase comme on peut l’être à 4grammes et la légèreté d’un trente-trois tonnes en surpoids. Mais je m’en foutais tellement fort que Mme Olson en serait toute bouleversée et offusquée. Bon sauf qu’à un moment j’étais à la limite de la transe or les possessions amateurs sont comme les porn’s du même nom, ça a tendance à foutre la honte. Donc, après m’être défoncée le coude dans le mur derrière moi, le crépis ayant étrangement la même propriété que le velcro avec ma peau, j’ai hurlé comme une merde et j’me suis évanouie. Vous m’direz, au moins j’ai pas vu passer le reste de la soirée. Malheureusement aujourd’hui nous sommes le lendemain de cette soirée souhaitée inoubliable (avec la balafres que j’ai sur le bras je risque pas d’oublier, j’vous rassure, vous avez tenu promesse) j’ai la gueule de bois du siècle, je suis collante et poisseuse de matières non identifiées, et pour ma santé mentale je vais me contenter de prendre une douche en ignorant bien cette vicieuse petite question de me pousser à me demander ce que ça peut bien être. Je vais me coucher, et je vais attendre que ça passe. Oui, ça me semble bien.

"Les soupirs interminables de l'insubmersible étouffement" - Mon p'tit chat.

Des mots en vracs.

"L'aliénation consiste en ce que l'individu laisse quelque chose de lui-même sortir de lui-même et devenir ainsi une influence ou un pouvoir extérieur" R. A.Nisbet


"Il en résulte que les raisons de vivre nous manquent; car la seule vie à laquelle nous puissions tenir ne répond plus à rien dans la réalité, et la seule qui soit encore fondée dans le réel ne répond plus à nos besoins" Durkheim