vendredi 25 novembre 2011

Mon vernis s'écaille, mon sommeil aussi.







Mes voisins s’engueulent, à longueur de temps, comme un rituel. Elle joue la victime qui se débat maladroitement quand il la traite de malade, de tarée ou de conne. Elle trouve qu’il exagère, le lui dit  en chuchotant. Les cloisons séparant nos deux appartements sont fines. J’entends leurs mouvements, lourds de trop d’insultes, de trop de non-dits ou plutôt mal-dits. Elle a une voix d’enfant, et la timidité qui l’accompagne. Il a la voix d’un salopard, petit chef aux chevilles gonflées. Ça ne dure jamais bien longtemps, juste le temps de se lancer au visage quelques mots blessants qui atteignent le cœur à l’usure. Ils passent à autre chose, vite, pour ne pas accepter la triste réalité qui les entoure. Ils ne sont pas heureux, ils ne vont pas bien. Dans ces moments-là il claque la porte et puis s’en va. Ce n’est jamais elle qui abandonne le foyer pour se changer les idées. Elle est attachée à son petit intérieur. Je ne l’entends pas pleurer, mais ça ne veut rien dire. Cette fille est tellement fragile, je n’imagine pas son corps supporter de grands sanglots, au risque de se briser. Le son de la télé prend la place de leurs voix. Ils passent à autre chose, sans s’expliquer, sans demander pardon. Pas d’excuse quand on sait avoir raison.

Good morning of course! 

2 Phalange(s):

MR. a dit…

La tragédie en guise de routine pour ceux qui, au souper, avaleront le désespoir d'être assis à la table des petites gens lâches et corrodées ; d'être de ceux qui restent en fuyant les voix qui crient.

Anonyme a dit…

Le visage ci-dessus est aussi extraordinaire de beauté... Impossible de ne pas s'y arrêter un moment !

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Des mots en vracs.

"L'aliénation consiste en ce que l'individu laisse quelque chose de lui-même sortir de lui-même et devenir ainsi une influence ou un pouvoir extérieur" R. A.Nisbet


"Il en résulte que les raisons de vivre nous manquent; car la seule vie à laquelle nous puissions tenir ne répond plus à rien dans la réalité, et la seule qui soit encore fondée dans le réel ne répond plus à nos besoins" Durkheim