J’aimerais déverser tel un torrent mes pensées les plus chargées,
mais je ne le ferais pas. Je n’ai pas le vocabulaire approprié pour rendre le
pathétique plus digeste. Mon langage n’a pas muri au fil des années, pas plus
qu’au fil des expériences prévues dans le but de façonner la structure de la
pensée. Il s’avère que je détiens une psyché récalcitrante, manquant d’entrain
et de spontanéité adéquate. Ce langage, que j’imagine comme m’appartenant, n’a
ni la fluidité ni l’émotion que j’aimerai pouvoir lui accorder. Je me sens
comme amputée parce que mes mots ne sont pas à la mesure de mes espoirs, et je
sais cependant qu’il est tout à fait risible de se comporter en enfant
capricieuse. L’on obtient bien peu de choses en usant de ce moyen, si ce n’est
de s’attirer de lourds regards réprobateurs. Il n’est pas bon de se plaindre de
ne pas avoir de talent lorsqu’il suffirait d’agir pour accéder à certains de
mes désirs. Je fais donc en sorte de m’exprimer
d’une manière plus conforme que je ne le fais habituellement afin d’atteindre
une sorte de crédibilité, nom qui n’a jamais collé à ce que je représente me
semble-t-il. L’image qui s’accroche à mon ombre reste encore celle d’une
adolescente bouffée par ces petites névroses de la vie quotidienne, palpant ce
mal-être, ce mal-vivre qui plaque au sol sans que l’on ne s’en rendre tout à
fait compte. Pour autant je tente de m’améliorer, quand bien même s’améliorer
soi-même équivaut pour certain à se masturber. Soit ! N’ayant ainsi plus
peur de la capacité qu’ont les êtres de penser, de juger, de maudire et d’envier,
en quoi aurais-je honte de m’adonner au plaisir de l’onanisme ? J’adhère
au plaisir de s’approprier son corps afin d’y trouver une exquise jouissance. Faisant
fi de mon incapacité à produire un discours clair et pertinent, je choisi de
vider ma tête pour un court instant et profiter de quelques pensées agréables
qui chasseront cette grisaille stagnant à l’intérieur de ma tête.
O H O U I !
Ps : savoir s’exprimer est un apprentissage parfois
difficile mais nécessaire pour exister et pour faire exister le monde autour de
soi. N’oubliez pas que vos mots ont tout le pouvoir du monde. « Au
commencement était le Verbe »