mardi 27 mars 2012

Aujourd’hui j’ai 20 ans, et j’ai les vertèbres qui se détendent.




Je plante des cailloux sur le bord de la route et je les arrose souvent, en espérant les voir pousser. 
Le soleil est de retour, il enrobe mon corps et assouplit ma peau. De cette dernière émane un soupçon d’odeur d’été. C’est le soleil qui fait ça, ça panse pas mal de choses. Oui, je vais bien, ça ne s’explique pas. C’est le bon moment, c’est le bon endroit je pense. Ces dernières semaines les 20 ans ont pris une ampleur que j’avais mise de côté. Parce qu’au final ça n’apporte rien en soit. Je n’ai pas à changer parce que ce chiffre m’y contraindrait. Je crois juste que je suis bien avec moi, que je cesse peu à peu d’être cette étrangère que je regarde de travers quand je croise mon reflet dans le miroir. Vivre est une sorte de figure de style et ça prend du temps et demande pas mal de patience pour en voir l’intérêt, pour en jouir avec aisance. Et je ne dis pas qu’une nuit a tout bouleversé, mais peut-être que ce petit nombre m’a fait bouger mon petit moi intérieur. Ça disait dans ma tête : « Arrête la masturbation mentale puérile et vicieuse, arrête de te ronger de l’intérieur quand le monde s’en charge si bien. Arrête de t’astiquer le manche de l’autodépréciation qui t’empêche de voir les choses dans une autre couleur que le noir. D’ailleurs le noir c’est l’absence de lumière. Arrête de t’faire chier et de peser sur les autres ». Et moi j’ai dit okay. « L’enfer c’est l’absence ». L’absence de quoi, ça c’est à chacun de se forger son opinion. Mais absence tout de même. Et l’enfer en ce moment, ça serait l’absence de gaité. Le printemps est de sortie, il serait mal venu de gâcher tout cet air de fête qui se profile à l’horizon. Je vais bien, je suis amoureuse (oui, il faut bien lâcher le mot), j’ai 20 ans, je ne suis pas seule, j’ai Lised et j’le sens bien. Alors, avant de m’appesantir sur ce qui pourrait ne pas aller, je vais profiter du bon temps. Un peu de légèreté ne risque pas d’me luxer la cervelle.

Have a happy day, happy week, happy year toussa toussa.
J’vous embrasse.

jeudi 15 mars 2012

Une tasse d’eau chaude, de citron et de miel, je sens déjà ma gorge se détendre. J’ai des frissons qui courent sur ma peau toute entière, s’amusant a hérisser les poils aux pattes que j’ai, comme un ours mal léché. J’aime cette image, tout sauf féminine, comme le regard que j’ai quand tout à coup je cesse d’être une grande gosse. Ça vous change un visage, ça vous change un homme. Une femme, en l’occurrence.




 
S’allonger dans l’herbe, sous un arbre, et voir les feuilles tomber autour de soi. Un coucher de soleil sur une plaine roussie. C’est pas déprimant ça. Ce qui l’est un peu plus c’est que nous vivons dans un système qui, selon le protocole habituellement appliqué aux oies, nous gave littéralement d’informations, à un point tel que ça sort par les yeux. Alors on n’allume plus la télé, on rit du dernier drame d’actualité. Peu de personne s’interroge sur le fait qu’on parle pendant 4 mois d’une affaire politique et de ces conséquences quand on occulte TANT d’informations. Passer 4 mois à nous parler de DSK c’est un peu fort. Enfin, ce n’est pas tout à fait là où je voulais en venir. Mais l’heure tardive à laquelle j’écris ces mots vous fait subir mon éternel épanchement quelque peu rébarbatif. Mais tant pis, si vous êtes là c’est que ça vous plait bien. Qu’importe. 

Si j’écris c’est avant tout pour moi, parce que c’est une activité particulièrement égoïste, enfin, pour ma part, très égocentrique. Et que ça me fait un bien fou. D’ailleurs, ces jours-ci, tout semble aller pour le mieux. Peu à peu je me sens libérée d’un poids, que dis-je, d’une montagne qui me pesait lourdement sur les épaules et sur le cœur. Je me sens plus légère, et plus heureuse aussi. De ces joyeusetés en découle un sentiment de plénitude, de sérénité. Alors quand je rentre de la fac, quand j'ai passé des heures à parler de la société, de ces effets, de ses problèmes, de ses théories, quand j’ai tellement bouffé de l’humain que je pourrais en gerber, je me retrouve quand même à sourire béatement parce qu’il est 17h45 et que le soleil qui se couche enveloppe mon monde d’un brouillard lumineux. Oui, ces derniers jours je vais bien. Lorsque que je fais attention aux battements de mon cœur, je perçois une grande douceur à place des coups de marteau que je ressentais jusqu’alors. Et merde ! qu’est-ce que ça fait du bien. 
Et puis mes vingt ans se profilent à l’horizon, ils s’annoncent à pas feutrés, mais je sais qu’ils sont là, prêts à attaquer. Oh, ils peuvent cette année. Avec leurs crocs, avec leur langue visqueuse, avec leurs yeux fous, ils peuvent s’approcher. Je ne crains plus rien. Je suis prête. Je suis invincible. Pour le moment, certes, mais un moment qui soulage bien. 

C’est incroyable que l’existence d’un seul être puisse provoquer ce sentiment de bien-être. Depuis peu, j’me sens chez moi dans ma vie de tous les jours. J’ai arrêté de me percevoir comme étrangère à moi-même. Je suis consciente que je me torture bien trop la cervelle et que c’est pas très sain, mais même ça, ça ne me complique plus autant la vie qu’auparavant. Bon, je n’irai pas jusqu’à dire que je suis une fille très saine, faut pas pousser mémé dans les orgies. J’ai mes vices, mes défauts et mes torts. Mais jusque-là, rien de bien anormal bon sang ! (et oui, mon argumentation tend à me convaincre moi-même plus que vous, hasardeux lecteurs, quelque peu lassés de mes sempiternelles tergiversations). C’est juste qu’il semble évident que j’éprouve quelques difficultés à m’exprimer.

Il y a quantité de petites choses qui un jour veulent sortir de ce que je nommerai ici « l’en dedans ». L’en dedans est une zone vaste et infiniment réduite à la fois. C’est en soi, dans un recoin prolifique du cerveau. Disons que c’est un peu comme le TARDIS, plus grand à l’intérieur qu’à l’extérieur (si vous comprenez la référence, dieu vous bénisse, si ce n’est pas le cas, dieu vous pardonne, et si vous ne croyez pas en dieu vous aimerez sans doute le docteur). Je ne l’explique pas, je ne fais que je le constater. 

Les faignants du remue-méninge passent indubitablement à côté de quelque chose (autre que des migraines, évidemment). C’est une sorte d’orgasme à plusieurs échelles. Quand les mots s’enchaînent, quand d’un coup, après des heures de tournage autour du pot, vous trouvez exactement la phrase qui exprime tout à fait ce que vous pensez, ce que vous ressentez, c’est une réelle jouissance (et puisqu’il parait qu’il faut savoir user des bonnes choses avec parcimonie, je n’atteins l’orgasme littéraire que rarement). Dans ces cas-là, je me sens libérée, dépossédée d’un poison, d’un fardeau, d’un fantôme. Bien que je patauge souvent dans une sorte de marécage, parfois je m’accroche aux branches pour ne pas me noyer de trop. Et les mots m’y aide.


Alors pardonnez-moi, je ne sais pas ce que je fais. Mais certains vont jusqu’à dire que je le fais bien. Heureux les fous, et si on se retrouve en enfer, je prévois une after-party du diable !

Des mots en vracs.

"L'aliénation consiste en ce que l'individu laisse quelque chose de lui-même sortir de lui-même et devenir ainsi une influence ou un pouvoir extérieur" R. A.Nisbet


"Il en résulte que les raisons de vivre nous manquent; car la seule vie à laquelle nous puissions tenir ne répond plus à rien dans la réalité, et la seule qui soit encore fondée dans le réel ne répond plus à nos besoins" Durkheim