lundi 5 septembre 2011

L'appel du vide.


Vous croyez qu'on peut vraiment avancer à reculons? Et faire en sorte de perdre ce qui reste de cervelle en secouant bien la tete, comme pour enlever les bulles du coca ?

 *

Il est évident que je me suis perdue. Trop de mensonges et de « ça va aller » auxquels j'ai essayé de croire et de me l'appliquer. C'est faux. Tout est faux. Pour tout dire, écrire ne me soulage plus vraiment. Mais je tente tout de même. De mettre des mots sur l'ineffable. Comme quoi, c'est fou tout ce que je me permets. Je dois être de ces allumées qui pense pouvoir tout soigner en vomissant des mots sur un papier électronique. Quand je vois ça, ce que je fais, ce à quoi je pense, à quel point un gouffre est né en moi et me laisse perpétuellement vide, ou en manque, jamais tout à fait pleine, je sais pas si j'arriverais à me contenir. Je serais à ta place je me foutrai des baffes jusqu'à ce que ma tête ricoche salement sur tous les murs, sur le bitume, jusqu'à ce que ma tête éclate et que ma cervelle soit projeté sur le sol, et sur le tableau qui trône dans le salon. Ouais, à ta place c'est ce que je ferais en me voyant mentir et me déglinguer comme c'est plus permit. J'ai placé sous séquestre tout ce qui loge en moi, histoire que rien ne s'évade, que ça ne fasse pas trop de vague. Je sais bien que je me pollue de l'intérieur, que je moisi comme une vieille loque. Je sais que j'ai pas assez crié pour osé prétendre que ça va. Mes actes sont surannés, mes volontés aussi. Mais quoi ? Je vais restée sagement sur mon fauteuil en attendant de croupir totalement ? Je peux pas. Ce n'est pas aussi simple, ce n'est même pas assez clair pour moi. Serais-je aveugle de l'intérieur que ça ne m'étonnerais pas. Je devrais prendre cette putain de légitimité de vivre avec un peu moins de peur de me vautrer lamentablement. Oser, comme une impulsion, juste une fois, arrêter de rire des larmes et me taire joyeusement. Ce serait un beau progrès pour la fille que je suis si je pouvais faire ne serait-ce que ça. Je deviendrais quelqu'un de plus entier si je pouvais ne plus vaciller en moi. Enfin, je crois que je pourrais marcher plus droit si l'intérieur cesser de partir en vrille de temps à autres. Je suis lucide, entre deux nausées me concernant, je suis lucide sur ce que je suis et ce que je fais. Parfois, j'aimerais avoir l'alibi de l'inconscience. Je pourrais alors peut-être me sentir pleine, si je ne savais pas être vide. J'ai un trou noir dans le ventre qui aspire goulument ce que je tente vainement de garder. J'ai une faille spacio-émotionnelle qui me vole ce que je devrais ressentir, et me laisse que des trucs vachement désagréable.
Il y a des jours comme celui-ci où tu ne rêves que d'une chose, c'est qu'un trente-trois tonnes percute la voiture dans laquelle tu te trouves, la bagnole, le bus, ou le vélo. Peu importe, du moment que le choc te démoli entièrement, totalement et irrémédiablement. Juste que tu ne te relèves pas, simplement envie de ne plus être là. Mais ça n'arrive jamais, je le sais bien pour l'avoir tant de fois imaginé, bercée par le mouvement hypnotique de la voiture.

Les corps en mouvement semblent gracieux quand je les observe de loin, un peu envieuse, un peu dépitée. Ce ballet de gens vivant, respirant, aux cœurs battant la mesure du temps. Ces hommes et ces femmes qui ne semblent jamais s'arrêter. Est-ce qu'on arrête de s'interroger sur le monde et sur soi quand on devient vieux, quand la résignation à prit le dessus sur tout le reste ? Est-ce qu'on meurt à petit feu quand on oublie qu'il y a autre chose que le boulot, les crédits, les emmerdes, et l'alcool pour faire flotter le cerveau encrassé ? Moi qui avance si péniblement, j'ai peur de trébucher et de ne pas me relever si le monde se révèle aussi peu plaisant qu'il en à l'air maintenant.
Il parait que tout est foutu, que la fin du monde est proche, que les jeunes se noient, que la politique nous tue, que la religion nous tue, que Dieu nous à abandonné. Il parait qu'on court à notre perte. Mais est-ce que le monde tiendra ces promesses de déchéance, de perte, de hurlement et de destruction ? Sans doute pas, les promesses ne tiennent plus de nos jours. Enfin peut-être bien que ce n'est pas plus mal, l'apocalypse à un petit goût de définitif, et j'aime pas trop quand ça devient impossible d'arranger les choses. Parce que j'arrive pas à fermer ma gueule, que j'ai ce putain de besoin de comprendre, c'est ce qui me motive tu vois ? je devrais peut-être fermer ma sale gueule de petite prétentieuse, conne et immature. Je devrais peut-être être moins aigrie parce que c'est triste une fille de 19 ans qui crache déjà sur tout. C'est triste une fille qui se replie sur elle-même, à l'intérieur, qui se cache derrière la fumée de ces clopes qui l'enfume. C'est triste et un peu risible aussi. C'est lamentable d'être n'importe qui quand on pourrait être quelqu'un, mais qu'on à pas le cran, pas la force ou pas l'intelligence de faire la différence.
Hier soir j'ai voulu crier, mais c'est resté coincé dans ma gorge. Je serais toujours inapte aux hurlements qui soulagent légèrement l'esprit. Hier j'aurais voulu que tout soit différent. Mais je me suis ressaisie. Oui, c'est promis, je me suis reprise à temps. Avant de tout envoyer par-dessus bord.
Trop de temps à tout étouffer, la soupape est fissurée, je lâche un peu les brides et y à tout ce bordel qui sort un peu en vrac comme mon cœur chiffonné, mâchouillé et rongé.  J'ai des crocs dans le coeur et ça me bouffe à l'intérieur.

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Des mots en vracs.

"L'aliénation consiste en ce que l'individu laisse quelque chose de lui-même sortir de lui-même et devenir ainsi une influence ou un pouvoir extérieur" R. A.Nisbet


"Il en résulte que les raisons de vivre nous manquent; car la seule vie à laquelle nous puissions tenir ne répond plus à rien dans la réalité, et la seule qui soit encore fondée dans le réel ne répond plus à nos besoins" Durkheim