Je lis ces mots écrits par d’autres et je les envie d’avoir su les trouver avant moi. Je regarde ces tableaux où milles âmes s’entrechoquent et je jalouse ces poètes du pinceau d’avoir su trouver les images des sens. Je retranscris mon désarroi face à tout ce qui fut fait, créé, imagé, construit, écrit, peint, chanté, pensé, joué ou confessé et que jamais je ne pourrais inventer. Il reste pourtant qu’à composer car je sais pertinemment que tout n’est pas achevé. Et si j’admire ces choses dont j’aurais aimé être l’innovatrice, je ne peux m’empêcher de me trouver pâle face à eux. Eux qui savent si adroitement mêler les mots pour leur donner un sens magique, mystique, rayonnant et pourtant si fluide et agréable. Moi qui ne fais que m’embrouiller, je contraste violemment au milieu d’eux, comme une sorte de vilain canard, boiteux et dans l’incapacité de devenir cygne.
Je l’admets, ce soir j’ai le vague aux yeux et quelques bleus à l’âme. J’ai une impression qui me colle à la peau, celle d’être sortie de la sacrosainte bulle du monde, de tous ses codes et ses mécanismes et de flotter dans une mélasse incolore sans pouvoir m’accrocher à rien. Juste du vent. Et sans sentiments. J’engloutie tout sur mon passage, je reçois et j’encaisse. Mais je me suis éloignée tellement vite. Au début on jour les remparts, solides, inébranlables. Tout ça pour ne pas montrer qu’on crève de trouille. Et puis on prend le pli. Si ce n’est pas le cas pour on, c’est le cas pour moi. Dans mes rêves j’enfonce mes ongles dans ma chair et arrache ma peau à grand coup de rage et de colère. Une fureur insoupçonnée, une familière douleur. Je vois valdinguer des centaines de grands parapluies sous mes yeux incontinents. On se noie en dessous de moi et je ne peux rien arrêter. Je sais que mon sourire est triste, comme un clown en colère. Je m’efface de temps à autre, j’essaie d’ignorer ce fait. Je me dilue. Pourtant je ne vais pas mal.
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