Le bruit est constant. Il est le sang
de la ville, qui pulse et colore les rues. Les passants passent,
selon leur fonction, feignant de s'ignorer dans un effort titanesque.
Tout ce monde s'agite, parle, cri, rit, chante et pleure en choeur.
Et pour masquer ce brouhaha, c'est avec virulence qu'on augmente le
volume de nos écouteurs déjà saturés. On trottine derrière un
banc de gens qui se meut lentement, au rythme des vacances ou d'une
retraite tant attendue. On piétine, péniblement, jusqu'au moment où
un ouverture se fait, presque miraculeuse, et alors on presse le pas
pour rattraper les quelques secondes perdue dans ce flot discontinu.
Notre rythme n'est pas le même, et pourtant nous vivons ensemble.
Chose étrange que cette promiscuité à la fois souhaitée et
désagréable. L'impression insupportable de voir notre espace vital
grignoté par ces inconnus indésirables. On s'enferme dans une
bulle, qu'on souhaiterait parfois hermétique, et qui ne l'est jamais
assez à notre goût. Vivre ensemble est définitivement une
phénomène pour le moins paradoxal. Être entouré, oui, mais avec
la possibilité de s'échapper à notre convenance. Les autres, si
semblables et pourtant si différents, nous heurtent dès lors que
nous mettons le nez dehors. Ces agressions perpétuelles sont notre
lot quotidien, pauvres citadins que nous sommes. Nous n'y couperons
pas.
J'ai repris les cours, ma vie s'organise à nouveau. Il était temps.
J'ai repris les cours, ma vie s'organise à nouveau. Il était temps.
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